OURAGAN.
Moi, Josephine Linc. Steelson, négresse depuis presque cent ans, j'ai ouvert la fenêtre ce matin, à l'heure où les autres dorment encore,j'ai humé l'air et j'ai dit : "Ca sent la chienne."
Ainsi commence "Ouragan", de Laurent Gaudé. On est à la Nouvelle-Orléans, dans Lower Ninth, le neuvième district, et, ne vous y trompez pas, "la chienne" c'est la tempête, l'ouragan Katrina qui approche.
Commence alors le chaos des évacuations, la lutte pour la survie, les bassesses les plus noires... On suit pas à pas le destin d'une dizaine de personnages devenus fétus de paille au moment où l'eau provenant des digues rompues envahit la ville. Et dans ces moments-là, l'homme dépouillé de tout apparaît tel qu'il est réellement.
Dans cette atmosphère de fin d'un monde, fort bien rendue par l'auteur, un seul repère, un seul phare reste en place et refuse de fuir : Josephine Linc. Steelson, négresse depuis presque cent ans... ostensiblement drapée dans la bannière étoilée...
Un sacré roman.