Avec Pierre Zylawski, des livres, des lectures, des gens... Bienvenue.

Cinq millions de lecteurs ! Quand on sait, comme la plupart des libraires, que le meilleur vendeur de bouquins, véritablement hors concours, c'est le bouche à oreille... alors je suis particulièrement content d'y participer aujourd'hui pour inciter quelques lecteurs de plus à découvrir cette héroïne comme on en rencontre fort peu souvent, dans les romans actuels.

Cette Kya, c'est un cas. Abandonnée de tous les membres de sa famille, un seul jour d'école dans toute son existence, pour néanmoins finir Docteur Honoris Causa de l'université de Caroline du Nord... Vous en connaissez beaucoup ?...

Elle est et restera, jusqu'au bout, La Fille des marais où elle a vécu la totalité de son existence. La nature, le marais, la flore, la faune... et peut-être surtout la solitude.

Jusqu'à la tragédie, racontée avec une rare maîtrise.

Si vous vous décidez, surtout, lisez bien jusqu'à l'extrême fin, jusqu'aux toutes dernières lignes... là où l'auteure vous attend au tournant...

La vie, c'est comme une bicyclette, il faut avancer pour ne pas perdre l'équilibre.  Einstein.

                            Même s'il arrive à tout le monde de tomber de vélo.

Pour une fois dans cette rubrique, il ne sagit pas d'une existence à recommander, en modèle, aux jeunes générations. Non, pas du tout.

Mais quelle vie ! A peine croyable... et pourtant vraie !

Dans le New-York des années 1920-1940, Stéphanie Saint-Clair a connu un incroyable destin. Venue de sa Martinique natale, elle deviendra reine de la loterie clandestine, surnommée "Madame Queen" ou "Quennie" par le milieu, et elle affrontera avec succès à la fois la pègre noire et la mafia blanche du Syndicat du crime.

Traversant avec panache toutes les époques, elle s'enrichit et devient une icône à Harlem, mais aussi dans les ghettos noirs du nord des Etats-Unis.

C'est la vie d'une femme-gangster impitoyable et cruelle, et à la fois précurseur de l'affirmation féministe afro-américaine.

Ames sensibles, s'abstenir.

 Né lui aussi à la Martinique, en 1951, Raphaël Confiant est l'un des chefs de file du mouvement littéraire de la créolité.

Auteur de très nombreux romans, essais ou poèmes, la simple lecture de sa bibliographie est impressionnante.

Le grand-père était un aigle, le père un faucon, et le petit-fils un vrai.

                               D'accord, j'ai ôté le dernier mot. Sans modifier le sens.

Il est bien entendu que j'en paierai le prix,

Un prix exorbitant pour un monde si gris

Dans lequel le malheur résonne de nos cris.

N'oublions les parents, les enfants, les amis,

Une pluie de copains et des vieillards aussi,

Sans lesquels, croyez-le, ce n'est pas une vie.

S'il faut rester cloîtrés derrière une barrière,

Oublions donc le temps où tout un peuple fier

Gardait la tête haute et pour la vie entière.

Oublions malgré nous les rires et les chants,

Les bises, les câlins, aux petits et aux grands,

Pour noyer ce virus dans des vagues de sang.

                                           PZ.

On a beau avoir une santé de fer, on finit toujours par rouiller.                   Jacques Prévert.

                                                                  Surtout en cette triste période.

L'Islande... Reykjavik... 64 ans... dont 35 comme inspectrice de la police islandaise... une carrière souvent menée en solitaire par Hulda, une femme forte, couronnée par de très nombreux succès...

Et pourtant, à quinze jours de la date officielle de sa retraite, la voilà éjectée de l'institution par l'arrivée imminente d'un jeune détective, frais émoulu de l'école de police ! Belle reconnaissance, en vérité !

Parce qu'elle s'accroche à ses derniers quinze jours, elle obtiendra de mener une dernière enquête bâclée et enterrée par un collègue parmi les moins consciencieux. Une enquête au dénouement hors de tous les sentiers battus.

Enfin,si vous hésitez encore, rappelez-vous qu'un bouquin traduit en vingt-cinq langues sort souvent de l'ordinaire...

Ragnar

Alors au pied de l'arbre il a compris le vent,

Alors au pied de l'arbre il a compté le temps.

Et le vent et le temps lui ont dit des histoires,

Des histoires d'un temps qui fait peur dans le noir.

Alors l'arbre aux écus est entré dans l'Histoire,

Il a su reverdir quand le monde était noir

Et il est devenu l'arbre de la mémoire.

Et le vent et le temps ont vaincu l'injustice,

A l'ombre des grands bois de l'arbre de justice.

Alors au pied de l'arbre il a compté le temps,

Alors au pied de l'arbre il a pleuré du sang.

                                         PZ.

Dans un monde sans mélancolie, les rossignols se mettraient à roter.    Cioran.

                                                                                               Il fallait oser cette formule choc.

Un jour, il faudrait sans doute qu'un psy tente de m'expliquer pourquoi, devant un bandeau annonçant un prix littéraire prestigieux apposé sur un bouquin, j'ai inévitablement un mouvement de recul que je peine toujours à réfréner... Peut-être, et même sans doute, parce qu'autrefois il m'est arrivé d'en lire quelques-uns proprement illisibles... incompréhensibles... ou alors réservés à des esprits pétris d'un snobisme incommensurable...

Je ne citerai aucun titre, aucun auteur, mais je vous garantis que je ne les ai pas oubliés.

En revanche, aujourd'hui, je vous recommande tout particulièrement ce roman de Jean-Paul Dubois... et son Prix Goncourt.

L'histoire vous empoigne pour ne plus vous lâcher. Et il arrive, à plusieurs reprises, que vous vous sentiez vous aussi enfermé dans cette cellule de la prison de Montréal. Les prisonniers, les lieux, le quotidien, les bruits, les odeurs... Vous y êtes.

Et au fil de la narration, l'humanité du propos, la mélancolie, la famille, l'émotion, l'intelligence, une vision du monde singulièrement réfléchie... Que demander de plus ? Ici, une écriture élégante, à la fois attendrie et mêlée d'un humour parfois inattendu qui rend cette oeuvre presque gaie...

Difficile de faire mieux.

Ceci n'est pas un livre ; celui qui le touche touche un homme. 

                                                                                           Walt  Whitman.

L'automne a son enfant et l'enfant de l'automne

Découvre chaque jour des beautés qui l'étonnent.

Au jardin, dans les bois, qu'il vente ou bien qu'il tonne

Ce sont bien des parfums ou des fleurs qu'on lui donne.

Des fruits et des saveurs, pour l'enfant de l'automne

Qui comprend, Dieu merci, combien la terre est bonne.

                                                                                 PZ.

Inactives depuis bien trop longtemps, les ailes des mots ont repris du service...

Ce n'est pas tous les jours que je découvre un auteur que je n'ai jamais lu. Et à chaque fois que la découverte me plaît je ne peux m'empêcher de penser que j'ai failli passer à côté de quelqu'un ! Et pour cette fois j'ai sauté dans le train en marche de cet auteur de thrillers traduits en 22 langues... rien que ça... adaptés à la télévision... bien sûr... et surtout capables de vous scotcher au bouquin, toutes affaires cessantes, jusqu'à l'ultime révélation qui vous laisse sans voix.

En un mot, l'homme sait y faire et, au-delà de l'intrigue et de ses multiples rebondissements, il s'applique à nous immerger dans une atmosphère toute particulière. Ici, au pied de ses chères Pyrénées, un village de quatre mille âmes dans une vallée totalement coupée du monde par un éboulement de la montagne, une forêt mystérieuse, une abbaye truffée de secrets, une série de meurtres indescriptibles, un corbeau qui accuse, une population au bord du chaos et qui veut se faire justice et, d'entrée de jeu, un appel au secours au coeur de la nuit...

Croyez-moi, vous pouvez essayer Bernard Minier sans l'ombre d'une hésitation.

Pour finir, une recommandation de simple bon sens : grand format, papier de qualité, 523 pages, donc 850 grammes !!! Si vous lisez avant de vous endormir, prenez quelques précautions élémentaires...

Si comme moi il vous arrive de choisir un bouquin pour découvrir un milieu ou un monde que vous ne connaissez pas et que vous ne fréquenterez sans doute jamais, laissez-vous tenter par cet ouvrage de Valérie Domain... vous verrez, vous ne le regretterez pas. Vous allez faire partie des dix-sept privilégiés invités par le PDG à la soirée mondaine mensuelle de Premium, la plus grande chaîne de télévision d'Europe.

Et vous comprendrez très vite que certains vendraient leur âme pour en être... voire pire...

Le monde des célébrités, des VIP, le gratin des médias, du spectacle, de la politique... la crème de la crème... c'est le quotidien de Valérie Domain, journaliste à Gala, fondatrice et responsable de Gala.fr. Elle les connaît tous, depuis des années, et elle nous entraîne au fil des pages au sein des multiples facettes de son expertise.

Car c'est bien le roman d'une experte.

Un roman ??? A partir de la page 271, d'accord. C'est un roman.

En revanche, les 270 premières pages sont consacrées à la présentation de ces dix-sept pipoles invités à la soirée. Chacun son tour, pour constituer une galerie de portraits aussi fine qu'implacable. L'oeil acéré d'une professionnelle qui n'a vraiment pas eu besoin de faire preuve d'imagination. A aucun moment. D'ailleurs, parfois, on a l'impression de reconnaître... mais on se trompe peut-être...

Quoi qu'il en soit, c'est le type même d'ouvrage dans lequel on est totalement immergé, et dont on émerge époustouflé.

L'enfant est un feu à allumer, pas un vase à remplir.   François Rabelais.

                              La seule vraie difficulté c'est de réussir à allumer ce feu.